Il était une fois... Maurice Arnoux

Mort pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, l’aviateur Maurice Arnoux a acquis ses lettres de noblesse dans les airs, chassant les records de vitesse et livrant de nombreux combats militaires victorieux. Montrougien de naissance, il est resté fidèle à la ville toute sa vie, dans sa maison de l’avenue de la République comme dans son usine de scies à métaux boulevard Romain Rolland. Récit d’une vie à Montrouge.

De pilote à père de famille

Maurice Arnoux naît le 7 septembre 1895 au domicile montrougien de ses parents, situé au 5 rue Delerue. Étudiant à l’École d’électricité et de mécanique industrielle, il veut devenir ingénieur et travailler dans un atelier montrougien de conception de moteurs d’avion. Initié très tôt au pilotage des avions par Louis Blériot et Henri Farman, il devient pilote de chasse pendant la Première Guerre mondiale. Ses victoires au combat lui valent de recevoir la Légion d’honneur au grade de chevalier (1919). Revenu à la vie civile, il épouse Raymonde Schmidt, le 11 janvier 1921 à Montrouge. Le couple vit alors dans un petit appartement de la rue François Ory, très vite étroit alors qu’il accueille en 1922 son premier enfant, Pierre.

Nid montrougien

Alors que la famille s’agrandit avec les naissances de Marie-Thérèse et Marguerite-Marie, le couple Arnoux achète une maison au 24 avenue de la République, à proximité de la Porte d’Orléans. « La maison était plus spacieuse que ne laissait penser sa petite façade. Derrière la porte enfer forgé et ses petites fenêtres en verre qui s'entrebâillaient, on découvrait une large entrée carrelée donnant à droite sur le bureau/salon, puis la salle à manger, deux pièces séparées uniquement par une porte vitrée qu'on ouvrait lors des fêtes. Sur la gauche, on accédait à la cuisine, puis au lavoir et au jardin. À l’étage, on comptait trois chambres avec cheminée, celle des parents côté avenue, proche de la salle d’eau, et celles des enfants côté jardin avec leurs lits à barreaux en cuivre », se remémore Marie-Hélène Dupêcher-Arnoux, fille de Marie-Thérèse et petite-fille de Maurice Arnoux.

Arnoux, capitaine d'industrie

Associé à Robert Mauny, un ami d’enfance, Maurice Arnoux fonde au début des années 1920une fabrique de scies à métaux au 55 boulevard Romain Rolland à Montrouge. Ouvriers et mécaniciens travaillent sous ses ordres pendant deux décennies. La société Arnoux & Mauny grandit au point de rivaliser avec ses meilleurs concurrents étrangers. Capitaine d’industrie,Maurice Arnoux n’en oublie pas pour autant sa passion pour l’aviation. Propriétaire d’un avion de tourisme pour ses loisirs, il fonde l’Aéro Club de Montrouge.

La décennie de tous les records

As de l’aviation, Maurice Arnoux fêtait ses records et distinctions dans la maison familiale. Parmi ses nombreux faits d’arme en compétition : records mondiaux d’altitude (1932) et de vitesse (1933), coupe Deutsch de la Meurthe (1934), trois records mondiaux de vitesse (1938), coupe Zénith (1936 et 1938)… Ses succès aériens sont salués par l’obtention des grades d’officier (1933) puis de commandeur (1938) de la Légion d’honneur.

Les honneurs de Montrouge

« Vivre vaincus, allons donc ! » Ces mots sont ceux de Maurice Arnoux prononcés en 1940 pendant la« Drôle de guerre ». Son avion de combat est abattu le 10 mai 1940. Légèrement blessé, le commandant Arnoux reprend du service jusqu'au 6 juin 1940* où son avion s’écrase dans un champ de blé à Angivillers dans l’Oise, à l’issue d’une bataille contre sept avions ennemis. Après des obsèques dans la chapelle des Invalides, Maurice Arnoux est inhumé dans la 66e division du cimetière de Montrouge. La Municipalité lui rend hommage en donnant son nom à une rue de la ville le 8 novembre 1944. Aujourd’hui à Montrouge, un stade municipal, un gymnase, un square et une école maternelle portent aussi son nom.

*La mitrailleuse de l'avion de combat Morane 406 que pilotait Maurice Arnoux le 6 juin 1940 a été longtemps conservée dans le grenier de la maison familiale. Récemment, elle a été confiée, ainsi que le trophée de la coupe Deutsche de la Meurthe, au Capitaine Duclos, pour le musée de la base aérienne de Villacoublay.

Au sein de la 66e division du cimetière de Montrouge figure une sépulture “ailée”, celle de l’aviateur Maurice Arnoux.