Une promenade architecturale à Montrouge
Pavillons en pierre meulière, immeubles et anciennes usines en brique, architectures classées des années 30 et 50, quartiers plus fonctionnels et modernes, grands sièges sociaux à l'architecture contemporaine... C’est toute l’histoire de l’architecture francilienne qui se déploie dans Montrouge, la petite ville du quart d’heure ! Découvrez-en davantage au gré d'une promenade architecturale proposée par la Mairie et enrichie par des échanges avec la Direction de l'Aménagement et de l'Urbanisme de la Ville et l'architecte-conseil Alix Lazian, membre du Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement des Hauts-de-Seine (CAUE 92). En route !

1. Maison du Père JosephMardi 18 novembre, 14h30, parvis de l’Aquapol. C’est là, au cœur du quartier du Vieux Montrouge, avenue Henri Ginoux, que commence notre parcours. Autour
de nous, c’est toute l’histoire architecturale de Montrouge qui se déplie déjà au gré des façades qui encadrent la place. Pierre de taille en argile, pierre meulière, brique, béton. Les matériaux de construction en disent long déjà sur l’âge des immeubles... Ici, nous plongeons d’abord dans le Montrouge d’antan, quand la ville n’a d’abord été qu’un village entouré de grands champs maraîchers. De cette époque, il ne reste quasiment plus de traces architecturales à part la maison dite du père Joseph [1], située au 70 avenue Henri Ginoux, la plus ancienne bâtisse de Montrouge. Datant du milieu du XVIIIe siècle, cet édifice, repéré à l’inventaire du patrimoine culturel, témoigne d’une époque où la commune n’était encore qu’un hameau avec un château et son parc. « Le gros œuvre est en pierre calcaire (moellon) et enduit. Nous distinguons un rez-de-chaussée assez bas, un premier étage haut de plafond (étage noble) avec de grandes fenêtres et un dernier niveau bas de plafond », décrit Alix Lazian.
Meulière, brique, béton

2. Fabrique de papiers de fantaisie Au XIXe siècle, le village a progressivement muté avec l’essor de l’industrie. Et Montrouge a tout particulièrement été marquée par l’installation de nombreuses imprimeries et usines de fabrication. Arrêtons-nous d’abord sur la façade conservée de l’ancienne fabrique de papiers de fantaisie [2] que l’on voit depuis le parvis de l’Aquapol.
« Cet immeuble, conçu en 1911 par l’architecte Charles-Ernest Lozouet au numéro 98 de l’actuelle avenue Henri Ginoux, est l’une des premières réalisations à intégrer un remplissage de briques à une ossature en béton armé. La brique et le béton sont mis en valeur par la pierre meulière en partie basse de l'immeuble », explique Alix Lazian. En façade, l’inscription
« Fabrique de papiers de fantaisie », faite de décors en céramique, a été préservée lors de la réhabilitation de l’ancienne usine en bureaux et en logements, en 2001, par l’architecte Arnaud Fougeras-Lavergnolle. Cette enseigne rappelle le passé industriel de la ville. « L'appropriation de la trame structurelle et historique de l'ancienne fabrique a permis de penser des logements singuliers sous forme de lofts en double hauteur, largement vitrés », complète l’architecte conseil. Tout proche, au 92 de l’avenue Henri Ginoux, un autre bâtiment attire le regard. Dans un style Art nouveau, cet immeuble richement ornementé [3], réalisé en 1902 par l’architecte Balmefrezol, intègre pierres meulières, briques et céramiques. « La pierre meulière domine en façade. Les persiennes métalliques, les éléments de décors en céramique et les briques vernissées et colorées soulignent l’arrondi des ouvertures et apportent charme et esthétique à ce bâtiment du début du XXe siècle », détaille-t-elle. 
3. Immeuble ornementé de Balmefrezol
À Montrouge, la pierre meulière est un peu partout, comme en façade aussi des maisons du quartier Ferry-Buffalo ou encore de celles du « quartier des écrivains » [4]. Pierre caractéristique du bassin parisien, la meulière raconte à elle seule une histoire de la banlieue, notamment celle de l’habitat pavillonnaire. Ce dernier occupe encore toute sa place à Montrouge, comme avec les maisons mitoyennes (dites « en bande ») du début du XXe siècle rues Fénelon ou Gueudin [5], les maisons rue Louis Rolland implantées en fond de terrain, ou les pavillons rue Victor Hugo [6] installés à l’alignement des rues, tout comme sur l’avenue Verdier [7]. Bleues, jaunes, rouges, vertes, roses… Certaines maisons de ville osent même la couleur à Montrouge et participent à accroître l’attractivité de la ville. Au quotidien, la Mairie et le CAUE 92 travaillent de concert pour préserver les matériaux nobles et les styles architecturaux caractéristiques des différentes époques ayant façonné la ville.
Place des artistes

8. Ateliers d'artistes15h. Nous rejoignons la place Jules Ferry, connue pour avoir accueilli dès 1930 le plus grand ensemble d’ateliers d’artistes [8] de la région parisienne, composé de quatre immeubles, des numéros 40 au 46. Ici, de nombreux artistes vécurent, parmi lesquels le photographe Robert Doisneau, les peintres Fernand Léger, André Fougeron, Charles Bouleau, Georges Barat-Levraux et Takayoshi Sakabe, le sculpteur Étienne Béothy, le typographe Adrian Frutiger, la graveuse Véra Braun ou encore les architectes Jean-Louis Véret et Georges Johannet. Œuvre des architectes Eugène Gonnot et Georges Albenque, célèbres pour leurs cités-jardins réalisées en Île-de-France, cet ensemble de logements collectifs comporte 81 appartements composés chacun d’un atelier de grande hauteur (4,20 mètres sous plafond) avec une verrière orientée au nord, idéale pour que les artistes puissent profiter d’une douce lumière. Cet ensemble a été construit pour y loger les artistes alors que Montparnasse, haut-lieu des ateliers d’artistes dans la capitale, ne pouvait plus accueillir de nouveaux ateliers-appartements. Face au 46 place Jules Ferry, nous contemplons la façade Art déco. « Sous certaines fenêtres et au cinquième étage, la façade s'anime d'un jeu de briques aux formes arrondies et disposées en quinconce. L'important linéaire de façade est rythmé par la verrière de l'escalier et des oriels (fenêtres en encorbellement) triangulaires. Le rez-de-chaussée est traité en béton armé avec des motifs verticaux s'alignant sur les ouvertures », souligne Alix Lazian. Devant l’immeuble, nous croisons alors Francine Deroudille, l’une des deux filles de Robert Doisneau, qui nous fait entrer dans la cage d'escalier. Après avoir monté quelques marches de l’escalier en chêne, nous admirons de plus près les vitraux à motifs ornementaux géométriques, conçus et fabriqués par le maître-verrier Louis Barillet. 
8. Ateliers d'artistes
Années 30 Art Déco

9. Cité Louis HerzMontrouge est plus largement très marquée par l’architecture des années 1930 et le style Art déco, avec notamment la Cité Louis Herz [9] de l’architecte Julien Hirsch. Il s'agit d'un ensemble de quatre immeubles de logements bâtis de 1934 à 1935 au 200-204 avenue Marx Dormoy, inscrit à l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, composé d’appartements de type
« Habitations à Bon Marché » (HBM), qu’on retrouve aussi dès 1928 rue Camille Pelletan [10], en 1929 dans le quartier de la Solidarité [11] ou encore en 1930 rue Sylvine Candas [12]. C'est alors le début du logement social à Montrouge, en réponse à la loi Loucheur de 1928 visant à favoriser l’essor de l’habitat populaire. Plusieurs édifices publics remarquables voient aussi le jour pendant cette décennie, comme le Beffroi [13] et sa façade Art déco en briques décorée de fresques sculptées (par Henri Decaux, 1933), l’église Saint-Jacques-le-Majeur [14] et sa silhouette aux allures de bâtiment industriel soulignée par le béton armé (par Éric Bagge, entre 1933 et 1937) ou encore le bâtiment de l’ancienne école professionnelle d’assistance aux malades [15], devenue l’Institut régional du travail social (IRTS), édifié en 1931 par William Vetter, architecte faisant partie de l’agence d’Auguste Perret, maître du béton armé
Fonctionnalisme et brutalisme des années 50

16. Résidence Buffalo15h30. Nous quittons la place Jules Ferry par l’avenue du Fort pour rejoindre l’entrée principale de la résidence de logements Buffalo [16], édifiée en 1957-58 par l’architecte Fernand Pouillon sur le site de l’ancien stade vélodrome Buffalo. Alors en pleine crise du logement en France, en raison des effets conjugués de la croissance démographique et de l’exode rural, le mot d’ordre de l’époque était de construire vite tout en maîtrisant les coûts. « Les années 1950, c’est la naissance des grands ensembles. Les grues étaient fixées sur des rails afin d’optimiser le temps et les coûts de construction. C’est aussi les débuts d’une nouvelle ère, celle des éléments préfabriqués », rappelle Alix Lazian. En deux ans seulement, une résidence de 466 logements voit le jour avec, en cœur d’îlot, autour d’un jardin intérieur et d’un bassin circulaire, une tour de sept étages sur pilotis au milieu de cinq autres bâtiments de quatre à sept étages complétant le complexe. Ce qui frappe d’entrée au niveau des façades, c’est la prédominance de la pierre de taille claire, une pierre massive provenant du Midi, matériau noble choisi par l’architecte pour sa durabilité. Mais on retrouve aussi d’autres pierres plus fines en façade et d’autres matériaux comme le béton, le marbre rose et même quelques briques rouges. Quant à l’ossature, elle est en béton armé, matériau fétiche de la période de reconstruction de l’après-guerre, peu coûteux et robuste, qu’on retrouve aussi du côté de la faculté dentaire [17] à Montrouge.

18. Lycée Jean MonnetŒuvre brutaliste des architectes Jean-Claude Dondel et Roger Dhuit, initiée dès les années 1950 et inaugurée en 1968, la faculté dentaire surprend avec ses formes radicales et géométriques, qui laissent parler le béton brut. Autre construction emblématique de l’architecture scolaire et universitaire de l’après-guerre, le lycée Jean Monnet [18], datant de 1955. Ossature de béton, rotonde d’entrée surmontée d’une coupole en pavés de verre translucides, ateliers lumineux avec leurs verrières et façades vitrées, volumes géométriques et lignes horizontales… L’architecture de Guy Barbé est imprégnée du modèle des années 1930 par ses volumes et ses lignes, tout en reprenant les codes de la construction des années 1950 avec le béton armé.
16h. Nous sortons de la résidence Buffalo et nous reprenons notre route en repassant par la place Jules Ferry où nous sommes happés par les couleurs chatoyantes jaune, rouge et bleu d’une façade polychrome restaurée récemment. Elle appartient à l’un des quatre immeubles
[19] livrés entre 1951 et 1956 par les architectes Jean Ginsberg et Georges Massé, place Jules Ferry et avenue Léon Gambetta. Disciple de Mallet-Stevens, Perret ou encore Le Corbusier, Jean Ginsberg est connu 
19. Immeubles Ginsberg/Massépour son architecture moderne et fonctionnaliste, réputée pour la qualité de son plan avec ses logements traversants, ses façades rythmées ou encore ses structures sur pilotis et ses toits-terrasses novateurs.
L'Atelier de Montrouge

20. Caserne de pompiers16h20. Nous traversons l’avenue Aristide Briand pour gagner la petite rue Thalheimer puis déboucher au 53 rue de la Vanne, devant la caserne de pompiers [20] de Montrouge. Réalisé entre 1960 et 1969, ce programme comprend, en plus de la caserne, la construction d’un ensemble de 38 logements sociaux (pour un tiers, destinés aux pompiers), d’un garage et de locaux commerciaux en rez-de-chaussée. Il est l’œuvre de Jean Renaudie, l’un des quatre architectes modernistes qui composaient l’Atelier de Montrouge de 1958 à 1981, aux côtés de Pierre Riboulet, Gérard Thurnauer et Jean-Louis Véret. Cette association, installée à l’époque au 32 rue d’Estienne d’Orves, prônait une architecture soucieuse des réalités humaines, sociales et environnementales. Parmi ses principales réalisations, citons la tour de logements EDF à Ivry-sur-Seine (1967), la crèche Hippolyte Mulin [21] à Montrouge (1964) ou encore le centre de loisirs de Villelouvette situé dans l’Essonne (1968). « Ici, nous avons trois corps de bâtiments reliés par deux "rotules" qui abritent escaliers et ascenseurs. Les façades sont très qualitatives et détaillées. Les garde-corps sont des modules préfabriqués, considérés comme un projet à part entière et dessinés de manière sculpturale », détaille Alix Lazian. À l’intérieur, les appartements de trois ou quatre pièces en duplex répondent parfaitement aux objectifs fixés par les architectes de l’Atelier de Montrouge : créer un habitat collectif, accessible au plus grand nombre, minimaliste dans la forme et les matériaux, et surtout… fonctionnel ! En jetant un œil sur la façade arrière des bâtiments, donnant sur la promenade de l’aqueduc de la Vanne, nous découvrons la tour d’exercice de la caserne, traitée elle-aussi comme une sculpture.
16h40. Nous poursuivons sur la promenade de l’aqueduc en direction de Paris, jusqu’à apercevoir au loin la silhouette d’un pignon au profil sculpté, qui semble se détacher dans le paysage…
Façades des « sixties »

22. Résidence de la CitéIl s’agit de la résidence de la Cité [22], qui comprend deux immeubles au 51 rue Barbès et au 9-15 rue de Gentilly. Réalisée en 1960 par l’architecte Jean Mathiot, cette résidence semble s’inscrire dans l’héritage de Jean Ginsberg en raison de ses façades polychromes. « Ces dernières sont rythmées par un jeu de balcons reliés les uns aux autres par des éléments maçonnés verticaux, offrant à l’ensemble une géométrie très graphique », analyse l’architecte-conseil. On distingue aussi tout un travail au niveau des entrées et du rez-de-chaussée, tapissés d'émaux de céramique.
« L' attention portée au moindre détail est très caractéristique de cette période architecturale où les entrées d’immeuble étaient particulièrement soignées, ornementées et lumineuses, pour créer une véritable transition entre les espaces intérieur et extérieur », complète-t-elle, avant de citer une autre résidence montrougienne où le soin porté au moindre détail s’exprime tout autant. Bâtie entre 1968 et 1971, la résidence Pasteur-Curie [23], située 9-15 rue Pasteur et 10-14 rue Pierre Curie, est l’œuvre de Henri Pottier, architecte connu pour ses multiples réalisations dans les Hauts-de-Seine, parmi lesquelles le centre hospitalier universitaire Antoine Béclère à Clamart ou encore la piscine olympique de Colombes. « Cette résidence, parée de briques foncées, est remarquable à plusieurs égards : le détail porté au muret de clôture entrecoupé d'éléments graphiques en terre cuite ; les jardinières maçonnées faisant office de garde-corps dont la teinte claire tranche avec celle de la brique ; le dessin des façades offrant de larges baies vitrées. Le plan du projet présente des qualités très convoitées aujourd'hui : escaliers en façade éclairés d'une lumière naturelle, paliers largement dimensionnés, volumétrie en étoile permettant d'ouvrir certaines pièces... », énumère Alix Lazian.
70-90, premières modernités

24. Banque de FranceAu fil de notre avancée sur la promenade de l’aqueduc de la Vanne, nous évoquons certaines constructions marquantes réalisées à Montrouge entre les décennies 1970 et 1990. Citons d’abord un immeuble qu’on repère facilement sur la RD920, au 51 avenue Aristide Briand [24], avec son rez-de-chaussée et son premier niveau très fermés sur la rue, puis ses étages supérieurs, plus ouverts, soulignés par des garde-corps vitrés. Une façade qui fait écho à l'usage du bâtiment. « Il s’agit d’un programme mixte, associant à la fois une succursale de la Banque de France et des logements, réalisé entre 1970 et 1975 par l’Atelier d’études architecturales situé à Neuilly-sur-Seine. La façade donnant sur l’avenue est marquée par une composition horizontale d'un bout à l'autre de l'immeuble », décrypte l’architecte. Nous discutons ensuite de l’un des symboles de l’architecture des années 1990 à Montrouge, le quartier Péri-Ginoux-Gautier [25]. Donnant aussi sur l’avenue Aristide Briand, à l’angle avec la
25 Quartier Péri-Ginoux-Gautier rue Gabriel Péri, un immeuble de 10 étages s’avance, telle une figure de proue, et marque de façon spectaculaire l’entrée de la rue Théophile Gautier, piétonne et commerçante, avec un porche monumental. L’architecte Jacques Haour livre l’ensemble Théophile Gautier en 1998. À cette époque, de nombreux projets architecturaux cherchent à créer leur propre réseau piétonnier autour de parcs et de placettes. C’est d’ailleurs cette même approche qu’on retrouve aussi autour du parc Messier [26]. Les nouveaux espaces publics du quartier Péri-Ginoux-Gautier, réaménagés par La compagnie du paysage, sous la maîtrise d’ouvrage de la Mairie, ont été livrés au début de l’été 2025. « En rez-de-chaussée de la rue piétonne, la visibilité des commerces a été améliorée avec l’ajout d’enseignes-drapeaux et la mise en valeur des éléments graphiques du béton matricé d'origine. Au cœur de la place Théophile Gautier, le nouveau mobilier urbain, les terrasses et la végétalisation invitent les passants à prendre le temps de se poser », conclut l’architecte-conseil
Sièges sociaux et grands groupes

27. Croix-Rouge française17h. Au bout de la promenade de l’Aqueduc de la Vanne, après avoir scruté les détails travaillés des entrées de la résidence de la Cité, nous descendons la rue Barbès en direction du centre-ville et nous faisons un crochet par le début de la rue de la Vanne pour apprécier l’un des nombreux sièges sociaux d’entreprises ou d’associations installés à Montrouge. Nous vous parlons bien sûr du siège social de la Croix-Rouge française [27], conçu par le cabinet d’architectes Brenac & Gonzalez et livré en 2018 au 21-23 rue de la Vanne, sur l’ancienne emprise de l’usine Bobin. L’édifice reprend une figure en « peigne » avec un bâtiment principal complété par cinq volumes perpendiculaires plus bas, dont les creux sont occupés par des terrasses, jardins et patios arborés. Ses façades offrent un savant jeu de formes, de couleurs et de profondeurs grâce à des fenêtres bandeaux et à un habillage en tubes d’aluminium thermolaqués dans des teintes beige et or. Le bâtiment arbore de multiples nuances chromatiques au fil de la journée et des variations de la lumière. Et ce n’est pas le seul siège social hébergé aujourd’hui à Montrouge.
Avec ses façades vitrées prenant elles-aussi admirablement la lumière naturelle, celui du groupe bancaire Caceis [28] est sorti de terre en 2022 au 89-91 rue Gabriel Péri. Dessiné par l’agence Valode & Pistre, le plan s’organise autour d’un vaste patio central arboré, d’un hall d’accueil conçu sur deux niveaux et de plateaux de bureaux traversants, baignés de lumière naturelle. 
28. Groupe bancaire Caceis
Siège social emblématique à Montrouge, le campus Evergreen du Crédit Agricole [29] raconte à lui seul une histoire de l’architecture. En 1985, les anciens bâtiments industriels de la société des compteurs Schlumberger sont réhabilités en bureaux par le célèbre architecte italien Renzo Piano, concepteur du Centre Georges-Pompidou aux côtés de Richard Rogers. Alors que les pièces d’eau et jardins sont confiés à l’architecte-paysagiste Alexandre Chemetoff, le forum, épicentre du campus accueillant 
29. Campus Evergreennotamment une immense cafétéria, est dessiné par Renzo Piano, récompensé alors d’une Équerre d’argent pour sa réhabilitation complète du site. Entre 2005 et 2010, afin de préparer l’arrivée du Crédit Agricole, les anciens bâtiments de Schlumberger sont à nouveau réhabilités, cette fois-ci par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, associé à l’agence Sahuc & Katchoura. Inauguré en 2011, le campus Evergreen s’est doté au printemps 2016 d’une véritable sculpture architecturale, réalisée par l’agence Arte Charpentier pour marquer l’entrée principale du site, au 12 place des États-Unis. Et petit dernier en date, livré en 2024 au 134 avenue Aristide Briand, l'immeuble The Place [30] accueille STMicroelectronics, un groupe du CAC 40 spécialisé dans la fabrication de puces électroniques
Enfin le long du périphérique, boulevard Romain Rolland, plusieurs autres sièges sociaux se sont installés au cours des 20 dernières années, formant une véritable « skyline » [31] montrougienne à l’orée de Paris et observable depuis la Porte d’Orléans. 
30. Immeuble "The Place"
Rétro-modernisme

32. Immeuble Palast17h30. Retrouvons la rue Barbès, où nous cheminons jusqu’à l’angle avec le boulevard du Général de Gaulle. Ici, deux réalisations récentes témoignent d’une architecture moderne qui s’intègre parfaitement dans l’histoire patrimoniale montrougienne. C’est d’abord un immeuble en briques rouges, livré en 2020 par l’agence Palast [32], qui retient toute notre attention. Sa façade en briques est percée de larges baies coulissantes et prolongées par des balcons aux menuiseries métalliques. Briques, menuiseries et volets roulants en aluminium reprennent chacun les mêmes teintes de couleur, tout comme les boîtes aux lettres dans le hall d’entrée. Ce dernier dialogue avec l’extérieur avec ses murs en briques vernissées, son élégante faïence au sol et son œuvre d’art issue du 1 % artistique, dispositif national facilitant la présence de l’art dans les projets architecturaux.
Sur le trottoir d’en face, au numéro 4 du boulevard, c’est ensuite un immeuble aux larges baies vitrées [33] donnant sur des balcons en verre et des persiennes en bois que nous découvrons. Ancien immeuble de bureaux construit au début des années 1990, le bâtiment a été réhabilité en 2020 par l’agence L’Atelier Parisien pour y accueillir des logements. Si la structure en béton de l’immeuble a été conservée, l'ancien mur de façade a, quant à lui, été complètement remanié par l’architecte, lui conférant une toute nouvelle forme, arrondie et rythmée. Partout en ville, de nouveaux projets architecturaux fleurissent, qu’ils soient destinés à l’accession ou au parc social, comme au 82 avenue Verdier, avec le bâtiment en briques sombres baptisé « The New Yorker » [34] et imaginé par le studio d’architecture Galliot Vannier. La brique de parement en terre cuite marron, le métal autour des ouvertures, la séquence des balcons, escaliers et « rooftops » sont autant de marqueurs forts rappelant le charme des immeubles de Brooklyn, ou, plus proche de nous, de la résidence montrougienne Pasteur-Curie, décrite précédemment. Et dès 2026, sur un même palier, propriétaires et bénéficiaires d’un logement social se côtoieront, favorisant ainsi la mixité sociale en ville. Nous pourrions vous en raconter beaucoup plus, mais l’heure tourne et, bien sûr, l’histoire architecturale de Montrouge continue toujours de s’écrire. N’hésitez pas à réaliser par vous-même cette belle balade dans Montrouge ! 
33. Immeuble Atelier Parisien




