Il était une fois... le club Jules Ferry
Reconnaissez-vous ce bâtiment photographié voilà 89 ans ? Comme il est mentionné sur sa façade, il s’agissait alors d’un établissement de bains douches ! Aujourd’hui sa vocation a changé même s’il reçoit toujours du public. Il s’agit du… Club Jules Ferry pour les seniors bien sûr ! Explications.
Le temps des douches publiques
Au tournant du XXe siècle, alors que l’accès à l’eau courante et les salles de bains privatives restent réservés à une élite (et ce jusque dans les années 1970), l’État se saisit de la question de l’hygiène corporelle, désormais affaire de santé publique, et renoue avec la tradition ancestrale des bains-douches, qui commencent à fleurir dans les villes. Ces établissements permettent à tout un chacun de se laver gratuitement et plus largement de prendre soin de son hygiène corporelle. C’est à Bordeaux que le premier établissement de bains-douches est construit en 1893 dans un style Art déco, par la suite adopté par de nombreux autres bains-douches aujourd’hui classés. À Paris, tous les arrondissements en ont été pourvus, en particulier à la suite du vote de la loi Strauss le 12 avril 1906, laquelle facilitait le financement des œuvres locales de bains-douches à bon marché par les caisses d’épargne.
Un second établissement pour Montrouge
À Montrouge, où l’accroissement démographique pousse la population à se rendre jusqu’à Paris pour se laver, le Conseil municipal décide en septembre 1928 la construction d’un second établissement de bains-douches place Jules Ferry – le premier, situé place des États-Unis, est aujourd’hui démoli. Confiés à l’architecte communal Louis Jolly, les nouveaux bains-douches sont inaugurés en 1930 et resteront actifs jusque dans les années 1960. Ils proposent au rez-de-chaussée une série de cabines et disposent d’un premier étage où loge le gérant. Quelques travaux de transformation y seront réalisés en 1949 ainsi qu’en 1962.
Nouvelles vies
Comme dans les autres villes, l’ensemble de ces bâtiments devient cependant déficitaire au tournant des années 1970, notamment en raison de la généralisation de l’eau courante dans les logements, du développement du logement social et de l’amélioration des conditions d’habitat de la population. Désormais moins fréquentés, les bains-douches doivent trouver une seconde vie. À Paris par exemple, l’établissement de la Butte-aux-Cailles est transformé en piscine municipale ; à Pigalle, l’édifice, tout de céramique vêtu, est devenu un immeuble de logements.
À Montrouge, place Jules Ferry, d’importants travaux de rénovation et d’aménagement auront lieu dans une aile du bâtiment dans le but d’y créer, en partenariat avec le Club Jules Ferry, une maison des seniors. En date du 26 février 1975, le Conseil municipal décide en effet de transformer l’établissement, inactif, en « club du troisième âge », et d’en faire un lieu de rencontres, de divertissement et de culture dédié. Le Club Jules Ferry a ainsi pris possession des lieux, entièrement réaménagés, depuis 1976.