Il était une fois... le cimetière de Montrouge
Un emplacement étonnant
Les traces les plus anciennes d’un cimetière à Montrouge jouxtent la première église paroissiale, à l’angle de l’avenue de la République et de la Grande-Rue (actuelle rue Gabriel Péri). L’église tombant en ruines, il fut décidé de la reconstruire et de déplacer le cimetière, devenu trop petit pour une population grandissante – d’autant plus que, par décret de l’An XII (soit en 1804), Napoléon prescrit l’établissement des cimetières à l’écart des habitations, principalement par mesure d’hygiène.
Le projet d’un nouveau cimetière montrougien est acté en 1819. La Municipalité fait alors l’acquisition d’une première partie des terrains actuels : les restes des notables enterrés près de l’église y sont déménagés et, dès 1820, une première concession est ouverte. La population de Montrouge continuant d’augmenter, des agrandissements successifs seront nécessaires : en 1841, en 1877, en 1885 (période qui coïncide avec la construction du cimetière de Bagneux), puis en 1905 et en 1912, pour enfin atteindre les limites actuelles avec l’implantation du boulevard périphérique.
Aujourd’hui, l’unique cimetière de Montrouge a une particularité notable, celle de se trouver en territoire parisien ! Cet ancien quartier montrougien ayant été annexé par Paris en 1860, il se trouve désormais situé dans le 14e arrondissement.
Quelques Montrougiens illustres
La Municipalité charge l’architecte Henri Decaux, avec lequel elle a déjà travaillé à plusieurs reprises, de la réalisation d’une entrée monumentale. Trois portes encadrées de piliers carrés viennent trouer la muraille nue. Les vantaux de bronze s’élèvent aux deux tiers de l’ouverture, tandis que la partie supérieure demeure vide. Cette triple entrée donne sur trois galeries disposées en forme de Pi, entourant une cour à ciel ouvert. À droite du porche, la descente à double voie mène à l’entrée de la crypte (la seule de tous les cimetières parisiens), décorée de bas-reliefs réalisés par Marcel Renard et Louis Sajous.
En déambulant entre les sépultures, on peut se recueillir devant les monuments funéraires dédiés aux soldats montrougiens morts pour la France au cours des différents conflits. À leurs côtés, quelques maires du passé – François Ory (premier maire de Montrouge, 1736-1809), Émile Cresp (1877-1950), Louis Rolland (1831-1893), Hippolyte Mulin (1833-1912) ou encore Henri Ginoux (1909-1994) – côtoient les noms d’illustres artistes, comme ceux de Michel Audiard (1920-1985), Michel Colucci, dit Coluche (1944-1986), Cécile Aubry (1928-2010) ou encore Nicolas de Staël (1914-1955) et Henri Queffélec (1910-1992).
Des bienfaiteurs de la commune sont également inhumés dans ce lieu, tels que Sylvine Candas, à qui la Ville rend hommage en nommant une rue à son nom, ou encore des pionniers de l’aviation : René Jost (1877-1912), Maurice Arnoux (1895-1940) et Pierre Clerget (1875-1943), concepteur de l’un des premiers moteurs diesel pour avions.
Un cimetière plus vert
Lieu d’une nature réintroduite et préservée, le cimetière s’inscrit désormais dans la démarche de végétalisation de la Ville de Montrouge, en respectant sa charte de gestion écoresponsable des espaces verts, signée en 2009. Ainsi, depuis fin 2010, grâce à l’engagement et à l’ingéniosité de ses agents, désherbants chimiques, insecticides, fongicides et autres produits néfastes pour l’environnement comme pour la santé y ont été supprimés et remplacés par une série d’actions menées pour rendre à nouveau fertiles des sols appauvris par des décennies de traitements (engazonnement des allées, plantation d’arbres, réintroduction d’insectes, installation de nichoirs pour oiseaux, etc.).