Il était une fois... les carrières de Montrouge
Une ville-gruyère
D’un point de vue géologique, l’histoire de Montrouge se rattache à celle du bassin parisien : la mer vient y déposer une première fois d’épaisses couches de marnes avant de se retirer, puis de revenir y laisser des sables argileux et de la craie. Les sous-sols de Montrouge se composent ainsi de dépôts calcaires, matériau longtemps recherché dans la construction. Après l’épuisement des bancs de calcaire près de la Seine, vers la fin du Moyen-Âge, les carrières de Montrouge vont donc connaître le début d’une longue exploitation – jusqu'au XIXe siècle, les ressources économiques de la Ville proviendront essentiellement de celles-ci. Le tissu urbain montrougien s’élève ainsi sur une véritable taupinière, au-dessus d’excavations profondes et de galeries souterraines creusées pour l’extraction de la pierre. Elles sont si nombreuses et si étendues qu’une autre industrie très prospère vint s’installer après leur abandon, pour les transformer en champignonnières.
L’art des carriers
À Montrouge, c’est surtout l’exploitation par puits d’extraction qui s’est pratiquée à partir du XVe siècle. Un puit de plusieurs mètres de diamètre est alors creusé, et la terre amoncelée autour de son orifice pour former un quai. Les premières pierres extraites servent à construire un atelier (appelé « ferme ») et à daller la voie d’accès à la carrière. Le quai, surélevé, facilite le chargement des pierres de tailles sur les fardiers ou dans les tombereaux.
À l’intérieur, les ouvriers accèdent à la galerie grâce à une échelle de bois fixée contre le mur. Une fois le bloc de pierre découpé dans la roche, il est hissé jusqu’à la surface grâce à un treuil mis en mouvement par une grande roue – des roues qui ont longtemps fait partie du paysage montrougien, comme en atteste une peinture de Paul Schmidt dans les escaliers de l’Hôtel de Ville. Ce système sera ensuite remplacé par des manèges à traction animale, soulageant ainsi le travail des hommes, puis par un système d’engrenage.
La fouille de ces carrières est entièrement confiée aux maîtres carriers, qui travaillent au péril de leur vie. Un bon nombre de Montrougiens exercent alors ce métier - comme le premier maire de la commune, François ORY - formant une vaste corporation, célébrée par des festivités de plusieurs jours à l’époque de l’Ascension.