Il était une fois... le poste de commandement

1940-1944 : Montrouge occupée mais résistante

Bien qu’occupée par les Allemands à partir de 1940, Montrouge, qui constituait un lieu stratégique à maîtriser pour les Alliés, fut un haut lieu de la Résistance. Alors que le premier étage de l’Hôtel de Ville était réquisitionné par les forces d’occupation, la Résistance s’organisait dans les imprimeries et autres usines montrougiennes – c’est notamment à Montrouge que furent imprimés des journaux tels que Défense de France, Résistance ou encore Combat. À la veille de la Libération, un grand nombre de Montrougiens se trouvent engagés dans les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), et la Résistance est alors particulièrement active autour de deux foyers principaux : le dépôt SNCF et l’usine de fabrication des compteurs Schlumberger, où les cheminots comme les ouvriers ont multiplié les actions aussi bien contre les soldats allemands que contre la collaboration.

Un point stratégique pour les FFI

C’est à Montrouge, au 3e étage du 103 avenue Verdier, qu’Henri Rol-Tanguy (1908-2002), dit « Colonel Rol », décide d’installer en secret entre le 14 et le 19 août 1944, son poste de commandement. Soldat parisien de 1re classe au 5e régiment d’infanterie coloniale en Lorraine, entré en clandestinité en 1940 pour poursuivre le combat contre l’armée d’occupation et mettre sur pied l’Organisation Spéciale (OS), cet ancien ouvrier métallurgiste, compagnon de la Résistance, en passe de devenir un héros, est alors Chef des Forces Françaises de l’Intérieur. « J’installe une partie de mon PC au 103 avenue Verdier à Montrouge, dans l’immeuble où habitait Margot Fortin, chez qui Cécile [sa femme] et moi nous retrouvions souvent en 1941, écrit-il. Je dors moi-même sur place. Je fais installer le 3e Bureau et le commandant Brécy pas loin de là, 11 rue François Coppée à Malakoff… Le lendemain, Cécile vient me rejoindre avenue Verdier, avec ma mitraillette et sa machine à écrire. » C’est de là que le Colonel Rol donnera les ordres de combat du 19 août 1944.

L’insurrection du 19 août 1944

La mission des Forces Françaises de l’Intérieur, ce 19 août, était d’ouvrir la route de Paris aux armées alliées victorieuses et de les y accueillir. Le Colonel Rol prend plusieurs décisions pour la mise en œuvre de conditions insurrectionnelles. Le 14 août, il contribue notamment à faire basculer les policiers parisiens du côté des FFI, levant ainsi le risque d’un conflit entre résistants et forces de l’ordre. Dans les affrontements avec les troupes allemandes, de nombreux résistants seront fusillés. Le 22 août, des barricades construites au moyen de pavés et d’arbres se multiplient dans Montrouge : sur la Nationale 20 (avenue Aristide Briand et Porte d’Orléans), sur la Nationale 306 (route de Châtillon, l’actuelle avenue Pierre Brossolette), près du cimetière de Montrouge et avenue de la République (surtout devant le café « Chez Friloux ») ainsi qu’au carrefour de la Vache Noire. Ces barricades bloquent la progression des Allemands, qui ne peuvent refluer vers Paris. Le 24 août, la Mairie est occupée par la Résistance avant que Montrouge, puis Paris, soient libérées le 25 août au petit matin.

Une plaque est apposée au 103 avenue Verdier rappelant la mémoire du passage et de l’action de ce Compagnon de la Résistance, et une allée Henri et Cécile Rol-Tanguy rend hommage au couple de résistants, square des États-Unis.