Il était une fois... l'usine de Papier d'Arménie

De l’Orient à Montrouge

C’est à l’occasion d’un voyage en Arménie que le chimiste Auguste Ponsot remarque une coutume locale : pour parfumer et purifier l’air, les habitants font brûler une sorte d’encens à base de benjoin, résine extraite du Styrax Benjoin, originaire d’Asie. Séduit par cette pratique traditionnelle, Auguste Ponsot décide d’importer le produit en France. C’est son associé, le pharmacien montrougien Henri Rivier, qui mettra au point la formule du désormais célèbre Papier d’Arménie : le benjoin est d’abord macéré dans de l'éthanol pour en renforcer l’odeur ; pour le support, des feuilles de papier buvard sont passées dans des bacs d'eau salée (afin de retarder la combustion), puis séchées avant d'être trempées dans le benjoin et placées en étuve – le procédé permet au produit final de se consumer sans flamme. Ainsi sont nés les petits carnets de trente-six lamelles prédécoupées sur lesquelles sont imprimées la marque, la mention triple et la signature d’Auguste Ponsot.

Une entreprise familiale et centenaire

C’est à Montrouge, au 6 rue Morel, que les deux associés décident de créer leur petite entreprise en 1885, dans le jardin de la maison secondaire d’Henri Rivier. Le Papier d’Arménie connaît un rapide succès et obtient notamment une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1889. Dès lors, il se vend partout : dans le panier des marchands ambulants, sur les étagères des drogueries, dans la vitrine des pharmacies…

Aujourd’hui, l’affaire reste familiale : c’est l’arrière-petite-fille d’Henri Rivier, Mireille Schvartz, qui perpétue ce savoir-faire unique à la tête de la maison. Jusqu’en 1999, tout y était fait à la main. Il ne faut pas moins de six mois et douze étapes de fabrication pour obtenir le papier, dont la formule reste inchangée depuis sa création. Désodorisant naturel, le papier d’Arménie est également un antimites efficace, et son parfum est assez fort pour couvrir les odeurs persistantes.