Il était une fois... l'Église Saint-Joseph

La chapelle Saint-Raymond

En 1955, Montrouge compte 40 000 habitants mais une seule église paroissiale, l’église Saint-Jacques-le-Majeur. À son arrivée comme vicaire, le père Dufourmantelle se voit cependant remettre les clefs de la chapelle Saint-Raymond par le chanoine Mauroy, curé de l’église Saint-Jacques-le-Majeur. Édifiée vers 1936 dans le quartier du Haut-Mesnil, encore majoritairement en friche, la chapelle Saint-Raymond, entourée d’un vaste terrain, se compose modestement d’un petit bureau et d’une sacristie de part et d’autre d’un chœur ogival. Conçue pour accueillir deux cents personnes, elle est trop exiguë pour ce quartier en pleine expansion. Avec l’aide de Jacques Le Saint, un passionné d’architecture, le père Dufourmantelle se lance dans un projet d’aménagement du chœur : ce sera le début d’une longue collaboration qui les conduira à la construction de l’église paroissiale actuelle, de 1962 à 1963.

Un chantier express

La nouvelle église sera construite avec l’aide de l’Œuvre des Chantiers du Cardinal, qui vient de souscrire un emprunt important. Une kermesse initie le projet, des bulletins de souscription sont distribués afin de collecter des fonds, des briques sont mises en vente et il est même proposé aux paroissiens d’acheter une place et d’en prendre l’engagement précis : chacun est invité à participer à la construction de l’église selon ses moyens.

Jacques Le Saint et Bernard Merlin, métreur vérificateur, mènent une équipe de bénévoles qui mettent en place les détails techniques. Le terrain dicte la taille du futur édifice : une église de 600 places avec son presbytère et les salles correspondantes. La forme du terrain impose également une contrainte d’orientation : l’église sera construite selon un axe Nord-Sud et non Est-Ouest, comme le voudrait la tradition. Pour remédier au manque de lumière, une grande verrière est percée à l’Est.

D’une valeur de 63 millions de francs de l’époque, le chantier se fait sans interruption du culte ni de la vie de la communauté et, le 23 décembre 1962, le cardinal Maurice Feltin pose la première pierre alors que le gros œuvre est presque achevé. Le 6 octobre 1963, Monseigneur Jacques Delarue, vicaire général du diocèse de Paris, et Monseigneur Guillaume de Vaumas, responsable de l’Œuvre des Chantiers du Cardinal, inaugurent la nouvelle église Saint-Joseph, deuxième église paroissiale de Montrouge.

Finitions et enrichissements

En juin 1963, la cloche est baptisée : elle portera les noms des mères du père Dufourmantelle et de Jacques Le Saint, ainsi que de l’épouse de ce dernier (Nicole, Thérèse et Odette). L’autel, un bloc de granit taillé de Perros-Guirec de sept tonnes, est disposé légèrement de biais par rapport à l’axe de l’église, parallèle au mur du fond qui lui-même dessine une courbe, afin de laisser scintiller ses cristaux. Les vitraux sont de Louis-René Petit et un superbe sol en carrelage et briques est exécuté de bonne grâce par le maçon italien Gallizia. Viennent ensuite le baptistère, conçu par Henri Martin et exécuté par le dinandier Glaser, la statue de la Vierge, œuvre de Jean Bourreau, et les bancs réalisés par M. Houssard.

Aujourd’hui, cette église est le lieu de culte de la paroisse Saint-Joseph-Saint-Raymond, l’une des 81 paroisses des Hauts-de-Seine au sein du diocèse de Nanterre. L’ancienne chapelle est toujours utilisée par les activités de la paroisse, notamment pour les cours de catéchisme.