Il était une fois... le Maison du Père Joseph

Un vestige du Grand siècle

À l’angle de la rue Louis Rolland et de l’avenue Henri Ginoux se dresse la « maison du père Joseph ». À l'époque où la commune n'était encore qu'un hameau avec un château et son parc, une avenue bordée d'une double rangée d'arbres menait ici le visiteur du XVIIe siècle depuis la route d'Orléans (actuelle avenue Aristide Briand) : elle servait d'allée d'honneur aux bâtiments des fermes du père Joseph. Une bonne moitié de cette bâtisse subsiste encore avec, à l'intérieur, une cheminée à miroirs et un parquet du XVIIIe siècle, ainsi que l'ancienne aile nord de la cour, avec ses hautes fenêtres de l'étage noble et deux jolis balcons de fer forgé Louis XV (par conséquent bien postérieurs au père Joseph). Cet édifice inscrit à l’inventaire du patrimoine culturel serait vraisemblablement la plus ancienne bâtisse de Montrouge

Le père Joseph, diplomate mystique

François Leclerc du Tremblay, plus connu sous son nom religieux de père Joseph, est un prêtre capucin français né à Paris en 1577 et décédé en 1638 à Rueil. Surnommé par ses détracteurs « l'éminence grise du cardinal de Richelieu » en raison de son activité, de 1612 à sa mort, au service du principal ministre du roi Louis XIII, il eut une influence diplomatique conséquente dans les années 1630. Marqué à la fois par le service de l'État et par l'intérêt profond pour les questions religieuses, le père Joseph joua en effet un rôle majeur mais occulte dans la haute direction de la politique extérieure.

Capucin dès 1599, il se consacre à la réforme de son ordre et fonde, en 1606, celui des Filles du Calvaire. Puis, président des missions des capucins, il prêche des missions pour le Canada et la Turquie, qui le font remarquer de la Cour. Devenu abbé des Roches, près de Fontevrault, c’est en 1611 qu’il fait la connaissance de Richelieu, alors évêque de Luçon, dont il deviendra le conseiller intime. Il sera l'homme du Cardinal contre les Habsbourg : son chef-d'œuvre diplomatique fut la coalition des princes allemands contre l'empereur à la Diète de Ratisbonne (1630), empêchant Ferdinand II de faire élire son fils roi des Romains. Il est également pour beaucoup, avec l'ambassadeur de Charnacé, dans l'entrée de la Suède dans la guerre de Trente Ans. De l'intérieur du pays, il dirige le « réseau de renseignements » de Richelieu.