Il était une fois... l'effort de guerre

Alors que nous nous apprêtons à commémorer le 105ème anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918 qui a mis fin à la Première Guerre mondiale, projetons-nous au gré de nos archives dans l’histoire de Montrouge dont les habitants ont particulièrement contribué à l’« effort de guerre »…

1917

Depuis près de 3 ans, une guerre des tranchées et d’usure se joue aux alentours de Paris, pour repousser les forces allemandes du territoire français. Dans les tranchées, un front de 800 km de venelles creusées dans le sol, les appelés viennent combattre et vivre. Creusées en 1914, quelques mois après le début de la guerre - au lendemain de la bataille de la Marne où les soldats ont réussi à stopper l’avancée des forces allemandes - elles ont été le lieu d’où l’on a mené la guerre d’usure à coup de lance-flammes, de mitrailleuses et autres artilleries nouvelles et lourdes ; mais elles ont aussi été l’abri où ont vécu au quotidien des milliers d’hommes français. Au fil des ans, cette vie s’est considérablement dégradée marquée par la lassitude des soldats mais aussi les pénuries grandissantes. Ce fut vite le temps, pour tous à « l’arrière »de décupler encore l’effort de guerre pour soutenir les hommes au front.

T'as du bon tabac...

Et à Montrouge comme dans les autres communes de France, la Municipalité a invité les habitants à économiser les denrées comme le tabac et l’alcool pour les militaires partis au front. Mais le Maire, Louis Lejeune, n’avait, pour sa part, pas attendu 1917 pour lancer un appel à la générosité des Montrougiens. Dès le mois de novembre 1914, ces derniers étaient incités à déposer en mairie tous types d’objets pouvant être utiles aux soldats, ou bien à faire des dons numéraires pour leur acheter des uniformes. La Municipalité avait aussi réquisitionné des terrains abandonnés– Montrouge était alors une ville encore très rurale –afin de les faire cultiver et subvenir au ravitaillement de la population. Des actions qui se sont multipliées en 1917. Eh oui Montrouge était une terre déjà très solidaire et comme vous le voyez avant-gardiste en terme d’agriculture urbain.

D'ébéniste à armurier

À cette époque aussi, les maraîchers côtoyaient quelques industries, encore peu nombreuses, dans la commune. Et elles aussi ont eu un rôle essentiel dans l’effort de guerre. Et ce, dès 1914. Leurs productions initiales ont souvent été détournées afin de produire du matériel militaire tel que des obus, des munitions, des produits chimiques… La société Ratier, installée en 1913 à Montrouge, route de Châtillon (aujourd’hui avenue Pierre Brossolette) y a par exemple particulièrement contribué. Entreprise d’ébénisterie fondée en 1904, elle se spécialise dès 1908 dans la construction d’hélices aériennes en bois et dès 1910, elles équipent les avions Deperdusson, Sommer et Breguet. Durant la Première Guerre mondiale, la maison Ratier reçoit des commandes du Gouvernement français. Elle fournit les hélices de tous les avions Breguet, et notamment du fameux Breguet 14 pour qui elle fabriquera 12 300 hélices en série.

Pas que folles, les années 20

Après l’Armistice aussi, l’élan de solidarité envers ceux qui ont combattu pour la France a perduré. On compte 1 400 000 morts français. Les soldats de retour du front sont, pour la plupart, blessés : 4 mil-lions de blessés, dont 1 million d’hommes invalides,les « Mutilés de guerre ». Il a alors été nécessaire de créer les conditions pour leur permettre de se réintégrer et de retrouver un travail. C’est dans ce contexte qu’a été créée l’école Rachel située au 140rue de Bagneux (aujourd’hui rue Henri Ginoux) pour la rééducation et la réinsertion professionnelle des mutilés de guerre. Des cours complets et gratuits de mécanique et d’électricité y étaient donnés afin de les former à de nouveaux métiers.

Et alors que les mœurs se libéraient et que l’on entrait avec frénésie dans la deuxième décennie du 20ème siècle, on n’oubliait pas pour autant la Grande Guerre. L’heure était venue d’organiser et de matérialiser la mémoire de ceux qui étaient morts pour la France. À Montrouge, la Municipalité rebaptise « rue du 11 novembre » une voie de la ville pour le deuxième anniversaire de l’Armistice. Et deux ans plus tard, elle érige sur l’actuelle place du Général Leclerc, un monument à la mémoire des 1120 Montrougiens morts pour la France. C’est là encore aujourd’hui que nous leur rendons hommage chaque 11 novembre.