Plan arbres

La Municipalité a décidé de lancer en 2020 son « Plan Arbre » pour agir durablement sur la qualité de l’air, la réduction des îlots de chaleur et du bruit et plus largement en faveur de la biodiversité en Ville. Il s’inscrit pleinement dans la Charte pour une Métropole Nature que la Mairie a signé en septembre 2019.

Quelques chiffres clés

  • 600, c'est le nombre d'arbres que la municipalité va planter dans le cadre de son plan arbres sur la période 2021-2026
  • 6 français sur 10 estiment que la réintroduction des arbres est une priorité en ville
  • 70% c'est la part prise par les zones urbaines dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre
  • 70 000 espèces d'arbres en moyenne dans le monde
  • 30kg, c'est la quantité de CO2 captée par un arbre chaque année
  • 100 000 euros consacrés au plan arbre en 2023
  • 3200 arbres dans l'espace public à Montrouge sans compter le patrimoine départemental
  • 20% d'érables planes et 13% de platanes dans les squares, parcs, jardins et cimetières
  • +22% d'espaces verts et d'agriculture urbaine à Montrouge entre 2017 et 2022
  • 68% du patrimoine arboré de la Ville est conduit en port libre (pas de taille, pousse naturelle)
  • 61% d'arbres jeunes dans les rues
  • 89 arbres dans le parc Jean-Loup Metton
  • 14 arbres remarquables dans la commune
  • 92 essences d'arbres différentes dans la commune

Les arbres, un enjeu du XXIe siècle

L’essentiel / Parmi les Objectifs de Développement Durable définis par l’ONU, figure en 11ème position la préservation et le redéploiement des arbres en ville, ce que l’on nomme la forêt urbaine.

Le contexte / Le patrimoine arboré des villes est particulièrement menacé, de nombreuses espèces ont déjà disparu ou sont en voie de l’être en raison du des changements climatiques mais aussi des conditions de vie plus difficiles pour les arbres en ville.

Les enjeux / Redéployer la forêt urbaine, en replantant des arbres, mettre en œuvre une gestion plus durable du patrimoine arboré des villes. Les collectivités territoriales sont sur le pont. Objectif : lutter contre les réchauffements climatiques et améliorer les conditions de vie en milieu urbain.

Auprès de mon arbre, je vivais heureux… Mais encore combien de temps ? Quand on sait qu’un tiers des espèces arborées dans le monde est menacée d’extinction et que de nombreuses espèces d’arbres en ville sont stressées et frappées de maladies. En cause : le réchauffement climatique mais aussi la déforestation. Cela vaut pour les arbres des grandes forêts - l’Amazonienne par exemple - qui a perdu près de 1 800 espèces – mais aussi très clairement pour les arbres en ville, ce que l’on nomme la forêt urbaine

En septembre dernier, la première étude mondiale autour de la forêt urbaine, publiée par la revue Nature Climate Change, révélait qu’en moyenne, 70 à 76 % des espèces d’arbres qui poussent en ville seront menacées en 2050 contre 56 à 65 % actuellement (Source : revue Nature Climate Change, septembre 2022). Parmi les plus menacées : certains arbres comme les frênes, les chênes, les érables, les peupliers, les ormes, les tilleuls, les marronniers ou les pins font partie des plus de mille espèces d’arbres et arbustes identifiées comme à risque face aux changements climatiques actuels et futurs.

Tour du monde

Sans parler de tout ce qui vient en ville ébranler la quiétude des arbres : pollution, chaleur, stress urbain, tailles agressives, manque d’espace souterrain pour déployer ses racines. Le milieu urbain constitue un terrain hostile et peu favorisant pour les arbres dont la durée de vie moyenne aujourd’hui dans ce contexte n’est que de 40 ans

Certains grands centres urbains dans le monde sont aujourd’hui très dépourvus d’arbres, ces derniers sont aussi souvent ceux des villes les plus urbanisées et polluées… C’est le cas de New Delhi, Singapour et Melbourne. Et les pays européens ne sont pas épargnés non plus. On compte 1 arbre pour 13 habitants à Londres par exemple et 1 arbre pour 26 habitants dans la ville touristique de Valence en Espagne

En France, toutes les villes ne sont pas logées à la même enseigne. En moyenne, la France compte 11 arbres par habitant. Rennes, qui a une politique de l’arbre très volontariste fait figure d’exemple avec 94 142 arbres pour 211 373 habitants, soit un arbre pour deux Rennais…

Bien sûr, dans les milieux denses urbains, tels que les villes du pourtour parisien, la densité ne permet pas d’accomplir ces mêmes objectifs mais les initiatives fleurissent pour augmenter significativement le nombre d’arbres dans les villes denses.

Climatiseur naturel

Eh oui, parce que tout le monde sait bien aujourd’hui que l’arbre n’est pas qu’un bel ornement naturel, et qu’il coucourt à purifier notre air, lutter contre la pollution en captant le CO2 que nous produisons… (lire l’infographie p.22). C’est valable pour les grandes forêts de la planète – rappelons que la grande forêt primaire du Gabon récupère et transforme l’équivalent d’un tiers des émissions de CO2 d’un pays comme la France chaque année par exemple. Mais aussi pour tous les arbres urbains, qu’ils soient isolés, en alignement le long des rues, dans les bosquets et parcs urbains. « Les arbres ne sont pas que des parasols, ils sont sources de nombreuses aménités » rappelle David Chevet, ingénieur forestier à l’Office National des Forêts (ONF) : « Ils stockent le carbone, il est le refuge de nombreuses espèces, il est garant de la qualité de l’air, il permet de lutter contre les îlots de chaleur urbains et procure aussi le bien-être des habitants, il est gage de bonne santé… »

De sacrées biotechnologies naturelles donc… sur lesquelles miser ces prochaines décennies pour assurer la qualité de vie de nos villes. Rappelons d’ailleurs que l’objectif de développement durable n°11 intègre la création de forêts en ville pour en faire des endroits sûrs, résilients et plus soutenables.

Tree cities or not ?

Et pour cette mission, les collectivités locales sont au premier plan. Ce sont les premières gestionnaires du patrimoine arboré de leur territoire : les Mairies, les Départements, les Intercommunalités, les Régions… Et elles sont nombreuses à prendre toute la mesure de leur responsabilité en la matière. Cela passe d’abord par la plantation d’arbres en ville. La ville de Paris vise la plantation de 170 000 arbres d’ici 2026 ; Marseille 200 000, Toulouse 100 000 d’ici 2030… Les grandes agglomérations se dotent aussi de Plans Arbres (c’est le cas à Montrouge) ou encore de chartes visant à mettre en place un panel d’actions pour protéger et redévelopper leurs forêts urbaines et sensibiliser les habitants à l’importance des arbres en ville.

À l’échelle planétaire, un programme Villes Forestières a aussi été lancé par l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) pour inciter les villes du monde entier à devenir plus vertes et conscientes des enjeux environnementaux. 59 villes ont depuis 2018 été reconnues « villes forestières ». En France pour l’heure, seule la ville d’Angers est détentrice de ce label et a lancé un grand recensement participatif des arbres remarquables de la commune. Une initiative qui a permis d’inscrire plus de 400 arbres dits « remarquables » dans son Plan Local d’Urbanisme Intercommunal de façon à ce qu’ils soient préservés et protégés. À Paris, un observatoire des Arbres a été développé ouvrant le champ d’un recensement participatif des arbres remarquables dans la capitale. La Municipalité d’Angers a aussi mis en place des bons de plantation à l’attention des propriétaires privés, qui consistent en une participation financière pour la plantation de certaines essences.

Plans arbres

Et ce sont de nombreuses autres propositions innovantes qui ont fleuri à partir des années 2010. Berlin, qui a la réputation d’être la ville la plus boisée d’Europe (avec Vilnius, 1 arbre pour 4 habitants), a lancé un appel aux dons à ses administrés dans le but de replanter des arbres en ville. Une initiative qui a permis de récolter plus de 600 000 euros entre 2012 et 2017 pour replanter des centaines d’arbres dans la ville. C’est aussi un nouveau concept de miniforêt urbaine inspiré de la méthode du botaniste japonais Akira Miyawaki qui est mise en œuvre déjà dans de nombreuses villes en France notamment à Paris (Porte de Montreuil ; Porte des Lilas...) : il s’agit de recréer des forêts naturelles à croissance rapide et sans entretien. Ces mini-forêts de grande densité contiennent une biodiversité plus importante que les aménagements verts classiques, en plus d’apporter de multiples avantages écologiques et sociaux. À Montrouge aussi d’ailleurs on expérimente cette méthode, près du stade Jean Lezer. Une action qui s’inscrit dans une stratégie plus globale visant à « renaturer » la ville…

Tout un plan pour nos arbres

Consciente du rôle primordial des arbres dans la préservation de la biodiversité et dans la lutte contre les changements climatiques, la Municipalité a mis en place une véritable stratégie arboricole dont le « plan arbre » est la colonne vertébrale.

Des arbres, dans Montrouge, vous en voyez beaucoup dans l’espace public, n’est-ce pas ? Vous n’avez pas dû manquer la floraison des cerisiers du Japon, qui sont nombreux à ponctuer les abords des ruelles de vos quartiers, ou encore celle toute aussi colorée et luxuriante des magnolias début mars devant l’Hôtel de Ville par exemple ou dans le très japonisant square Schuman !

Figurez-vous qu’en seconde position après le platane (présent majoritairement dans les parcs et en bord de route), les érables planes, puis les tilleuls sont les espèces la plus répandue dans les espaces verts montrougiens. Bien sûr de nombreuses autres essences d’arbres ont pris racine à Montrouge, parfois même des remarquables telles que l’érable à feuilles de frêne, l’ Acer Negundo dans le square de l’Hôtel de Ville, le Cèdre Bleu au square de la place des États-Unis ou encore le Savonnier de Chine dans le jardin du square Robert Schuman

Du vert en héritage

En tout, ce sont près de 3 200 arbres qui peuplent l’espace public de Montrouge, célibataires, en couple ou bien en petites communautés. Au niveau des voiries, les arbres aux abords des départementales sont pour leur part gérés par le Département, la Ville s’occupe d’entretenir ceux des autres rues. Alors bien sûr il est difficile de quantifier et d’identifier ceux qui grandissent et se déploient dans vos jardins et espaces privés… Mais désormais, les arbres de l’espace public, on les connaît. On les connaît même très bien. Et si nous les connaissons très bien, c’est qu’en 2019, la Municipalité s’est dotée d’une stratégie et d’un outil lui permettant de référencer, soigner et protéger, le patrimoine arboré de la ville.

Agence de l'Arbre

Aussi, dès 2019, la Mairie a repensé sa façon d’appréhender, de gérer et de soigner son patrimoine arboré. Elle s’est rapprochée pour cela de l’Agence de l’Arbre, un bureau d’étude spécialisé en diagnostic arboricole qui s’est chargé d’établir un calendrier triennal de recensement et de diagnostic des populations arborées de la commune en fonction de leur lieux d’implantation. Car des arbres dans l’espace public il y en partout : dans les cours d’écoles, des crèches et de jardins d’enfants (diagnostiqués en 2019, nouveau diagnostic prévu en 2023), dans les cimetières, jardins, parcs et squares (diagnostiqués en 2020, le prochain en 2024) et aussi le long des voiries et aux abords des stades (diagnostiqués en 2021, le prochain en 2025). Ces études approfondies ont donc permis de compter les arbres, de recenser les essences et d’alimenter un nouvel outil de gestion informatique en construction au niveau du service des Espaces verts : l’objectif est de créer une banque de données municipale des arbres.

L’étude menée par l’Agence de l’Arbre permet aussi d’analyser de façon très fine l’état de santé de chacun.

« En milieu urbain, les arbres ont une durée de vie de 40 ans en moyenne, il y a peu de vieux arbres en ville, car ils sont très fragilisés, stressés par l’activité urbaine » explique Carmelina De Pablo, Conseillère municipale déléguée à l’Agriculture urbaine et aux Espaces verts. Pour expliciter leur état de santé, les arbres sont observés à la jumelle dans leurs parties visibles, tronc et houppier (le sommet de l’arbre) dans un premier temps

On observe la forme et le positionnement des dégradations de l’arbre quand il y en a (plaies, altérations, cavités) et la présence ou non d’éléments pathogènes. On observe aussi sa vitalité (sa silhouette et sa façon de se déployer), la façon dont il a été géré et taillé… Ces critères permettent de noter l’état général de l’arbre, de définir ensuite sa viabilité et aussi parfois sa dangerosité…

Toujours replanter

Mais à Montrouge, la stratégie est claire : on n’abat pas les arbres sauf si le diagnostic identifie des éléments de maladie irréversibles qui rendent l’arbre dangereux pour les autres arbres et surtout les passants. Cela avait été le cas pour un grand platane malade avenue de Verdun. Dans les écoles, crèches et jardins d’enfants, 35 arbres avaient été diagnostiqués malades et dangereux et avaient dû être abattus en 2020. « Mais à chaque arbre abattu, nous en replantons un, et si possible d’une même essence » explique Carmelina de Pablo. Vous avez peut-être déjà remarqué des petites pancartes au pied de certains arbres : la Mairie les installe au pied de ceux qui doivent être abattus. Vous y trouvez précisément mentionnée, l’essence de l’arbre, la maladie et la préconisation de gestion faite par l’Agence de l’Arbre. On y indique aussi par quel autre arbre il va être remplacé.

Le plan des 600 arbres

Et de similaires petits « cartels » sont aussi installés là où l’on a planté de nouveaux arbres ! Car au cœur de sa stratégie de gestion du patrimoine arboré, la Mairie a établi un plan arbres. Celui-ci vise d’une part la plantation de 600 nouveaux arbres au moins dans la commune d’ici 2026. Avec le plan prairies fleuries et le plan nichoirs, celui-ci concourt au développement de la biodiversité à Montrouge et à la lutte contre le réchauffement climatique. Et c’est aussi chaque projet d’aménagement urbain qui inclut systématiquement la plantation d’arbres. Par exemple à République Nord, la restructuration des voiries s’accompagnera de la plantation d’une vingtaine d’arbres aux essences très variées.

« Pour développer la biodiversité mais aussi éviter la propagation de certaines maladies entre mêmes arbres, nous privilégions la diversification des essences. Notre « doctrine », c’est le bon arbre au bon endroit » explique Christel Gé, directrice Espaces verts, Végétalisation et Agriculture urbaine. En bord de voirie à Montrouge par exemple, on trouve des alternances de platanes, de charmes, de cerisiers du Japon, de frênes, d’érables, de pommiers qui sont mieux adaptés aux petits espaces de bord de rue. Tandis que les grands marronniers et tilleuls se déploient plus aisément dans les parcs, car ils ont plus de place pour déployer leurs racines et leur houppier. On tient compte de la nature des sols - très argileux à Montrouge – mais aussi des facteurs climatiques à venir. « Nous privilégions les essences européennes qui ont une bonne résistance à la chaleur et la sécheresse et qui seront encore viables dans 30 ans » précise Thomas Antoine, responsable Espaces verts et Agriculture urbaine de la Mairie.

Pratiques libres

« Nous expérimentons aussi des méthodes de plantation innovantes : à côté du stade Jean Lezer, les habitants du quartier ont participé en novembre dernier, en partenariat avec l’entreprise Reforest’action, à la plantation d’une mini-forêt inspirée de la méthode du botaniste Akira Miyawaki » détaille Gwénola Rabier. Il s’agit de planter de jeunes espèces locales variées de manière dense - 1 arbre par mètre carré - afin de favoriser leur croissance rapide. Sur 340 m², une quinzaine d’essences européennes, adaptées aux conditions pédoclimatiques, ont été plantées… Les arbres pousseront naturellement, laissant la sélection naturelle faire son œuvre sans intervention humaine. Et les autres arbres en ville, nécessitent-ils pour leur part cet entretien pourvu par les Hommes ? Eh bien, là aussi il y a « doctrine » pour reprendre le terme des professionnels du secteur. Et à Montrouge, elle tient aussi en une phrase : moins on le taille, moins on le touche, mieux l’arbre se porte. En forêt, c’est effectivement bien comme cela que vivent les arbres… Mais en ville il y a eu une longue tradition d’élagage – voire même de sculpture - des arbres : or on sait aujourd’hui que cela perturbe la croissance naturelle des arbres et les fragilise. Alors la Municipalité a décidé d’adopter dès que c’est possible la gestion en port libre. 65 % du patrimoine arboré de la ville est aujourd’hui géré de cette façon : les arbres ne sont pas taillés et développent leurs branchages et feuillages librement. Enfin, nous retirons quand c’est possible les revêtements en caoutchouc qui recouvrent les pieds des arbres pour faciliter les échanges gazeux. Une belle façon de préserver la vigueur des arbres et de redonner son aspect « nature » à la ville… Rappelons d’ailleurs que Montrouge a obtenu dernièrement le label Territoire Engagé pour la Nature et qu’elle est ville 3 fleurs au Comité Villes et Villages fleuris. Avec tout cela, il fera bon être comme un arbre en ville en 2030 !