Entretien avec Marie Orensanz, artiste plasticienne

Une œuvre monumentale

Parlez-nous de l'œuvre que vous avez réalisé

Marie Orensanz - Dans mon travail,les mots ont une grande place. Quand je travaille avec l'acier inoxydable ou l'acier corten, les mots traversent la matière, ce sont des pensées. Dans cette œuvre, j’ai combiné une de mes phrases avec celle de Barbara, « Dis, quand reviendras-tu ? », ce fut presque comme une évidence. À Montrouge, l’œuvre en acier inoxydable de trois mètres de haut que vous allez découvrir est fragmentée en deux parties où les mots se coupent là où ils ne devraient pas être coupés… Cela force le spectateur à prendre le temps d’interroger les sens possibles véhiculés par cette œuvre.

Elle est donc inspirée de certains de vos précédents travaux...

M. O - Plusieurs de mes sculptures ont ce même principe, oui. En 1974, à l’invitation des historiens de l’art, Pierre Restany et Lea Vergine, j'ai écrit un Manifeste à l’occasion d’une exposition à la Galerie Eros de Milan. Ce Manifeste comporte 12 phrases que l’on retrouve aujourd’hui sur plusieurs de mes sculptures monumentales installées un peu partout dans le monde. Comme par exemple, « Pensar es un hecho revolucionario » (« Penser est un fait révolutionnaire »), une œuvre de six mètres de haut installée au parc de la Mémoire, à Buenos Aires. Ou encore« Las raices son femeninas » (Les racines sont féminines), œuvre en acier inoxydable installée à Mar del Plata en Argen-tine, en hommage à la militante argentine Azucena Villaflor*.

*Azucena Villaflor est la fondatrice de l’association Les mères de la place de mai. Ces dernières re- cherchaient leurs enfants disparus pendant la "sale guerre" en Argentine, assassinés par le régime.

Comment s'est nouée cette collaboration avec la Mairie ?

M. O - Le Maire, Étienne Lengereau, que j'ai croisé un jour dans Montrouge,m'a expliqué que la Municipalité voulait installer une œuvre en hommage à Barbara, à la sortie du métro du même nom. L'idée m'a beaucoup inspirée, motivée...plus quittée. Barbara est une artiste dont la poésie, la sensibilité et le talent me touchent énormément. De retour dans mon atelier montrougien, après réflexion, recherches et esquisses, un projet est né. J’ai alors présenté une maquette à la Mairie qui, pour mon plus grand bonheur, l’a appréciée et choisie ! J’en suis très fière et reconnaissante

Quel est votre regard sur Montrouge ?

M. O - Je suis à Montrouge depuis 36 ans et je peux dire que j'ai été témoin de sa grande évolution, de sa transformation, tant culturelle qu'environnementale. C'est devenu un lieu de vie particulièrement agréable où la nature vit en communion avec les habitants