Il était une fois... L’Aqueduc de la Vanne

Près de Montrouge, il y a une petite balade que vous avez peut-être déjà faite : du côté d’Arcueil, l’agréable et longue promenade plantée, ralliant la cité universitaire au quartier de la Vache Noire… Mais ce que vous savez peut-être moins, c’est qu’en souterrain se trouve l’aqueduc de la Vanne ! Un réseau long de 156 km fait de canalisations et de ponts datant du XIXe siècle.
Un ouvrage patrimonial exceptionnel et plutôt écolo avant l’heure !

Si ce réseau permet encore aujourd’hui d’acheminer l’eau potable à Paris, en provenance de la Vanne, un affluent du fleuve L’Yonne, situé en Bourgogne… le début de « notre » histoire remonte à 1867…

En effet, au milieu du XIXe siècle, sous le Second Empire (instauré en France en 1852 lorsque Louis Napoléon Bonaparte devient Napoléon III), le baron Haussman – homme politique et Préfet de Paris – est chargé de mener à bien la transformation et la modernisation de la capitale. Un projet qui concerne aussi bien le coeur de Paris que ses quartiers extérieurs et couvre tous les domaines : urbanisme, rues et boulevards, réglementation des façades, espaces verts, mobilier urbain, égouts et réseaux d’adduction d’eau…

Projets pharaoniques

L’ambition de Haussman consiste, en particulier, à créer une alimentation en eau de qualité, avec un débit régulier dans Paris. Il missionne ainsi un grand ingénieur, Eugène Belgrand, pour concevoir un projet pharaonique avec la construction de 4 aqueducs : deux principaux – ceux de la Vanne et du Loing – qui rejoignent Paris et deux secondaires – ceux du Lunain et de la Voulzie – permettant d’acheminer de l’eau de source potable depuis la province à 150 km de Paris.

Construit entre 1867 et 1874, l’aqueduc de la Vanne doit favoriser l’acheminement des eaux des sources de la région de Sens, dans l’Yonne (89), et plus particulièrement de l’un des affluents du fleuve du même nom, la Vanne, jusqu’au réservoir d’eau de L’Haÿ-les-Roses (94).

Merci les romains ?!

Ce projet, long de 156 km, est maillé de nombreux ouvrages d’art dont le spectaculaire pont-aqueduc d’Arcueil-Cachan : haut de 38 mètres et composé de 77 arcades. Comme tous les ponts-aqueducs, il permet d’amener l’eau sans que les canalisations n’aient à passer par la vallée.

Mais, l’aqueduc est aussi principalement constitué de canaux souterrains dans lesquels l’eau coule presque naturellement… En effet, les Romains avaient déjà tout compris, puisque ce sont eux qui ont mis en place, pour la première fois, le dispositif des aqueducs permettant un approvisionnement en eau sur une grande distance par la simple force gravitationnelle !
Le principe ? On choisissait des sources situées à une plus haute altitude que la cité qu’il fallait alimenter. Puis, le tracé de l’aqueduc respectait une inclinaison constante, permettant un débit régulier de l’eau. Un procédé écolo qui n’a presque pas changé. Aujourd’hui, on lui donne juste un petit coup de pouce supplémentaire, avec un système de pompage (on appelle cela l’adduction par refoulement).
Certes, c’est un peu moins écolo – parce que très consommateur d’énergie – mais cela contribue à un débit d’eau plus rapide.

Chemin de biodiversité

Depuis, les aqueducs sont aussi devenus des spots parfaits pour le développement de la biodiversité. Ainsi, à la lisière de Montrouge et Arcueil, par exemple, le tracé de l’aqueduc de la Vanne bénéficie d’une promenade plantée créée à l’initiative d’Eaux de Paris et de l’Agglomération. Piétons et cyclistes disposent donc d’une belle coulée verte entre la cité universitaire et le quartier de la Vache Noire… Et bien au-delà même, puisqu’elle conduit vers Paris et dans le sud francilien. Une petite balade « au fil de l’eau », ça vous dit ?...