L’église Saint-Jacques le Majeur

  • 57 m de long
  • 13,25 m : la nef
  • 20 m : la hauteur sous plafond
  • 8 millions d'euros
  • 4 ans de travaux

Depuis 2006, l’église Saint-Jacques le Majeur, patrimoine de la Ville de Montrouge, est inscrite au titre des Monuments Historiques.

Sa silhouette aux allures de bâtiment industriel participe au paysage urbain de Montrouge. L’église Saint-Jacques le Majeur étant très dégradée, une longue et complexe rénovation menée par la Ville de Montrouge entre 2013 et 2017 était nécessaire. Elle lui a redonné son lustre d’origine et même plus...
Aujourd’hui, la regarder c’est la découvrir autrement.
Y entrer, c’est plonger dans un intense bain de lumière et de couleurs.

  • 1933-1937 : Construction
  • 1947-1953 : Réalisation de la décoration

Un peu d’histoire & beaucoup d’architecture

La première église Saint-Jacques le Majeur, bâtie au xivème siècle sur l’emplacement de l’actuel parvis, agrandie au xvième siècle, a été reconstruite à deux reprises : d’abord au xviième siècle, puis au début du XIX ème siècle. Ce dernier édifice, de style néoclassique, jugé trop exigu, et débordant largement sur le trottoir, est détruit dans les années 30. À sa place, l’une des 1ères églises de France en béton est érigée…

1934 : L’actuelle église Saint-Jacques le Majeur sort de terre alors que l’ancienne est en cours de démolition. Sa construction en retrait permet d’élargir la voirie au niveau du carrefour des avenues de la République et Gabriel Péri.

Une modernité assumée

L’église Saint-Jacques telle que nous la connaissons est reconstruite entre 1933 et 1937, grâce à l’oeuvre des Chantiers du Cardinal Verdier. Le projet est confié à l’architecte décorateur Eric Bagge. En raison de la guerre, le clocher et deux chapelles du plan initial n’ont jamais été bâtis.
En choisissant le béton armé comme matériau et la technique des portiques articulés mise au point par l’ingénieur Eugène Freyssinet1, Eric Bagge affiche un parti pris architectural très fort. C’est le seul édifice religieux utilisant ce procédé qui permet de dégager un volume intérieur magnifique, d’optimiser l’épaisseur des façades et des piliers et donc d’économiser de la matière.
Certes moderne, Saint-Jacques le Majeur s’inscrit dans la tradition de l’architecture française parce que la structure reste apparente, comme dans l’art gothique. Ici, en entrant dans l’église, l’architecture montre ce qu’elle est, avec ses portiques et ses poutres longitudinales, son béton brut. Avec ses 20 mètres sous plafond, fidèle à l’architecture religieuse française, elle privilégie la verticalité.

Un ensemble décoratif exceptionnel

En 1945, le secrétariat d’État aux Beaux-Arts confie à Robert Lesbounit2, directeur de l’école municipale de dessin de Montparnasse assisté d’André Auclair professeur de dessin, la réalisation de l’ensemble décoratif intérieur de l’église. Celui-ci est principalement mis en oeuvre entre 1947 et 1949.

Tout en courbes…

Avec une douzaine d’élèves, Robert Lesbounit conduit une expérience de chantier collectif, comme cela existait au Moyen Âge. Cela donne les cinq fresques de la vie de Saint Jacques, à gauche de la nef, dont deux sont l’oeuvre de Jean-Robert Ipoustéguy qui devint ensuite un sculpteur internationalement reconnu.
Il suffit d’observer l’église dans son ensemble pour constater que si l’architecture n’est constituée que de lignes et angles droits, en revanche, dans les fresques tout est en courbes !
Architecture et décoration se répondent parfaitement.

… Et en couleurs

Trois techniques ont été utilisées pour les fresques de l’église. Celles à gauche de la nef, relèvent de la technique traditionnelle « a fresco », sur un enduit frais. De part et d’autre du choeur, la représentation des Sept sacrements et des Sept vertus réalisés à la peinture acrylique par André Auclair frappe par son jaune vibrant, écho à la couleur des vitraux et des lambris. Au fond, du même auteur, l’immense Transfiguration en noir, blanc et gris est peinte sur plâtre. Un choix qui étonne mais qui s’explique par la vivacité des couleurs de tous les autres éléments du décor qui l’entourent.

Une rénovation en profondeur, dans les règles de l’art

Lorsqu’en 2013 la Ville de Montrouge, propriétaire de l’église, lance le chantier de restauration, Saint-Jacques le Majeur est en mauvais état : béton altéré, acier corrodé, chauffage déficient, accessibilité limitée… une réhabilitation s’impose ! le chantier est conduit en quatre phases sous la direction de Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques.

2013 : Renforcer l’infrastructure

Les poteaux en sous-sol étant très fragilisés par les résidus pollués d’une ancienne tannerie sur le site, la première phase des travaux a visé à les rénover et à évacuer la terre souillée. Des matériaux de haute qualité technique ont été employés. Les plats carbone de l’église consolident les poutres les plus sollicitées.

2014 : Restaurer l’extérieur

Au programme de la deuxième phase :
réfection des couvertures en zinc et des terrasses, restauration des vitraux, ainsi que des menuiseries métalliques et en bois. La restauration des maçonneries est confiée à Lefevre Rénovation. Soigneusement patinés, ajouts de matières et réparations sont invisibles, une véritable réussite !

2015 : Réhabiliter l’intérieur

Un chauffage par le sol a été installé pour améliorer le confort tout en maîtrisant la consommation et sans altérer l’esthétique. Un narthex de verre a été créé pour servir de sas d’entrée et recevoir le bureau d’accueil. Enfin, les parements intérieurs en ciment ont été nettoyés par cryogénie.

2016 : Restauration des peintures murales

Elle a été menée par l’équipe d’Alice Desprat, conservatrice-restauratrice du patrimoine. Saint-Jacques le Majeur est fin prêt à écrire une nouvelle page de son histoire.

Le saviez-vous ?

L’église Saint-Jacques le Majeur est la propriété de la commune depuis le Concordat de 1801 ; la loi sur la séparation de l’Église et de l’État de 1905 ne changeant pas sa domanialité (qui relève du domaine public). En 1932, la Municipalité décide d’élargir l’avenue de la République et la Grande Rue (rue Gabriel Péri). L’église doit donc être déplacée. C’est à la Ville, propriétaire de l’édifice, que revient l’obligation de re-construction et d’entretien.