Fan ZHE, Les Allumettes

« La pensée chinoise, le langage européen » c’est ainsi que Fan Zhe définit son art

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{ Fan Zhe, Les Allumettes, photographie numérique, impression sur papier, 60x90 cm. }

FAN ZHE

Né en 1977 à Liaoning, en Chine, Fan Zhe poursuit des études à l’université de Paris VIII, Saint-Denis.
En 2006 et 2007, il participe au Salon de Montrouge et à la Biennale Jeune Création Européenne. Très vite, il se tourne vers l’organisation d’expositions, passerelles entre la Chine et la France.
Aujourd’hui, il vit entre la province du Guangdong et Chambon-sur-Lignon, en Auvergne.

« La pensée chinoise, le langage européen » c’est ainsi que Fan Zhe définit son art. Ses oeuvres matérialisent ses réflexions sur la société actuelle. Le sujet représenté dans son oeuvre Les Allumettes est une parabole des préoccupations sociétales qui le questionnent.

Une oeuvre du commencement

« Cette photographie, c’est au tout début de ma vie artistique. Elle date de 2005, à l’époque, j’ai 28 ans. Je ne suis pas connu. Je travaille dans mon atelier. Je prends cette photo avec mon appareil numérique Nikon D100. Je ne pouvais zoomer plus sinon j’aurais perdu du détail au tirage. Il doit s’agir d’un tirage unique.

Par la suite, entre 2005 et 2012 j’ai fait beaucoup de photos d’allumettes et il existe aussi une vidéo d’allumettes brûlées. »

La force du concept

« J’ai créé cette photo sans vouloir me situer dans l’histoire de la photo. Je suis un artiste, je pense le sujet d’abord. La réflexion autour d’un sujet m’amène à choisir l’outil le mieux approprié à ma réflexion. La photographie pour moi est un bon outil car j’en connais la technique, mais je réalise aussi des installations et des sculptures. L’idée nait dans ma tête ou sur papier et ensuite je présente ma pensée. Aujourd’hui, la forme est faible en création, la pensée l’emporte. » Fan Zhe reconnaît se sentir proche de la démarche de Joseph Beuys.

Le chaud/froid

Un paysage tragique. Une nature morte de fusains, de bois non pas fossilisés mais carbonisés. De bois fins comme de la paille. Des allumettes brûlées. Malgré la prégnance du ton froid uni gris-violet à l’arrière-plan, l’impression sensorielle imagée reste chaude… Sans doute l’empreinte du feu qui demeure.

Une ode aux énergies infimes

« Ici le mot clef est « le reste ». La société s’est développée très vite, la vie est passée trop vite, on ne voit pas ce qui reste. L’allumette est ce que l’on jette d’habitude alors que c’est cette petite force qui donne le feu, la chaleur.
Il y a ces gens qui travaillent pour l’énergie globale, des petites énergies qui donnent une énergie immense à l’ensemble. L’allumette, c’est ce personnage qui donne sa vie, qui donne son énergie aux autres, à l’État, à l’usine.

Une allumette allumée dure 3 ou 5 secondes, c’est peu mais ce n’est pas rien, ça existe. Je veux pointer cette fraction de temps pour qu’elle se révèle dans ce qu’elle est : une vie éphémère. »